Les gariottes : typologie et fonctions

       Un premier inventaire permet de mettre en évidence dans notre secteur d'étude deux types de "gariottes":

     1 ) Des cabanes en pierres sèches, construites sans aucun mortier.

       On les trouve  pour la plupart en forêt,  et elles sont voisines de murets en pierres sèches également. Elles peuvent être de plan circulaire ou plus ou moins rectangulaire.
        Elles étaient situées sur d'anciennes parcelles cultivées, souvent en vigne, et qui ont été abandonnées à la forêt au moment de l'exode rural qui a suivi en particulier la crise du phylloxera.
        Elles sont en général à bonne distance des habitations, et ont dû servir de cabane à outils ou d'abris temporaires pour ceux qui travaillaient la terre ou qui gardaient le bétail.

Entre Croix de Veyrines et Fourcayrenque
(Blanquefort-sur-Briolance )

    A inclure dans cette catégorie les abris aménagés parfois dans les murets en pierre sèche, souvent de faible profondeur ( "guérites").

Vallon de Lasbozios ( Cuzorn )

   2)
Des cabanes en pierres maçonnées.

        De construction plus  élaborée, elles sont également édifiées avec des matériaux provenant de l'épierrage des champs et non façonnées : d'où l'aspect irrégulier de l'appareil des murs.
        Mais, à la différence des cabanes de type 1, les pierres sont jointées par un mortier de terre argileuse, provenant également du sol environnant ("terre battante" des agriculteurs ).

 Jean-de-Peyre ( Blanquefort-sur-Briolance )
    
     Elles sont presque toutes de plan circulaire, et les pierres de leur voûte encorbellée sont également maçonnées au moyen d'un mortier de terre.

Voûte à pierres maçonnées ( Coudet, à Saint-Front-sur-Lémance )

       Dans la plupart d'entre elles, on trouve des détails architecturaux inexistants dans les cabanes de type 1 :

                          - une porte d'entrée permettait d'en fermer l'accès ; dans la plupart de ces gariottes elle existe encore, en plus ou moins bon état.

                          - les lucarnes sont munies de pierres d'envol, et étaient pourvues d'une fermeture  à volet pivotant ou coulissant dont on ne retrouve souvent que les vestiges.



                         -  à l'intérieur, des niches aménagées à mi-hauteur dans l'épaisseur du mur étaient accompagnées en général d'une plateforme de bois dont on retrouve souvent les restes ( poutres ) au même niveau.

          La Bistoule ( Blanquefort-sur-Briolance )  

     Ces gariottes sont situées à quelques centaines de mètres d'une ferme ou d'un hameau : elle ont principalement été construites à usage de poulaillers ( "cabanes à poules", "poulaillères" ) ainsi qu'en témoignent les aménagements précités.  Par la suite, elles ont pu être utilisées en abris ou cabanes à outils.                  
        
Niche à poule ( pondoir ) relié à la lucarne par une planche
( Castagné, à Lacapelle-Biron )

       La majeure partie de nos cabanes maçonnées semblent donc avoir été des poulaillers de plein champ, constructions très voisines  dans leur usage des poulaillers de la Combraille, dans l'Est de la Creuse, qu'une association a entrepris de restaurer :  http://www.poulaillersdepleinchamp.fr/.
       Les poules étaient ainsi cantonnées assez loin des habitations, en bordure de bois et de champs où elles trouvaient leur nourriture, et n'étaient rentrées que le soir dans la "poulaillère", dont la lucarne était alors refermée.

"Escalier" à poules à Barbotan ( Lacapelle-Biron )

       Notons que la toiture des poulaillers de la Creuse ( couverture en tuile sur charpente ) n'a pas résisté aux outrages du temps, alors que nos gariottes du Fumélois ont été parfaitement protégées par leur voûte encorbellée couverte de lauzes, restée la plupart du temps intacte jusqu'à nos jours…



Schéma d'une gariotte-poulailler
( extrait de la brochure "Architecture en pierres sèches"
éditée par le PNR des Causses du Quercy )

4 commentaires:

  1. Il y en a une sur la commune de Cuzorn lieu dit TESQUET route de Monflanquin !!Dans la cote a droite !

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Merci beaucoup ; elle est en effet en bon état et a été récemment débroussaillée ( elle est dans l'inventaire sur le blog à la rubrique "Cuzorn" ).

      Supprimer
  2. Bonjour,
    Au début des années 1970, j'ai fait des relevés de "galinières" dans le département du Lot (c'est la désignation employée par les propriétaires de l'époque). Le terme "guérite" doit être réservé aux petites édifices non fermés inclus dans les murailles et les pierriers. Une de ces galinières était en fait une ancienne cabane de vigne convertie en poulailler (vers 1880) après le phylloxéra. Le schéma "extrait du livret du PNR des Causses du Quercy" est un dessin que j'avais réalisé à l'époque.

    Félicitations pour votre travail d'inventaire et d'explication.

    Christian Lassure

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Merci beaucoup pour votre commentaire, Christian, et pour vos publications qui sont la référence dans ce domaine. L'inventaire pour notre petite région du Fumélois reste simplement "photographique", non scientifique et très localisé ( d'où le nom de "gariotte" qui est l'appellation locale de toutes ces constructions ).

      Supprimer